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Sabrina Sebaihi, la députée française d’origine algérienne aux multiples combats

Sabrina Sebaihi, la députée française d’origine algérienne aux multiples combats

Écologiste, anticolonialiste, militante contre les inégalités, les discriminations et le racisme, la députée Sabrina Sebaihi est tout cela à la fois, en plus d’être la porte-voix de ses électeurs bien sûr mais aussi de la communauté franco-algérienne dont elle est issue.

Cette femme infatigable est sur tous les fronts. Particulièrement depuis quelques mois avec la conjonction de la guerre à Gaza, des débats sur l’immigration, la place de l’Islam, la mémoire franco-algérienne. TSA l’a rencontré à Paris pour retracer son parcours et parler de ses combats ainsi que de ses convictions. Portrait.

Née à Ivry-sur-Seine en 1981 de parents immigrés Algériens, cette femme politique désormais accomplie n’oublie pas d’où elle vient. Sabrina Sebaihi fait partie de la nouvelle génération des politiques français, issue de l’immigration algérienne, bien intégrée, mais qui assume ses origines, dans un pays où les partisans de l’Algérie française ont des tribunes au Parlement, et où les Français d’origine algérienne sont souvent stigmatisés.

« Je suis très fière de mes parents et de leur histoire, c’est ce qui m’a construit », reconnaît-elle dans une déclaration à TSA. Mais comme tous les enfants d’immigrés, elle a écrit son « propre récit ».

Si le legs de ses parents l’a beaucoup aidée, elle doit aussi son ascension à ses aptitudes et son abnégation, que ce soit dans les études ou l’engagement politique.

Diplômée en biochimie et en sciences politiques et portée sur la cause environnementale, elle s’est engagée très tôt avec les écologistes. Dès ses débuts en politique, ses questions d’intérêt étaient celles qu’elle porte encore aujourd’hui : les inégalités, la sécurité, les questions mémorielles…

Après un mandat local, consacré aux questions liées à la sécurité, elle a vite gravi les échelons, devenant en 2022 porte-parole de la campagne présidentielle du parti EELV (Europe-écologie-les Verts), puis député de la même formation politique, la même année.

« Grâce aux Nanterrois et aux Suresnois qui ont voté lors des législatives de 2022 », reconnaît Sabrina Sebaihi. « C’était une circonscription où j’avais en face une députée sortante de la majorité présidentielle et nous avons réussi à gagner cette élection grâce à une campagne de terrain et de conviction », se souvient-elle.

Avec son entrée à l’Assemblée nationale, la carrière de Sabrina Sebaihi prend une autre dimension. Elle laisse éclater tout son talent d’oratrice, n’hésitant pas à aller au charbon pour affronter les députés de la droite, et surtout de l’extrême-droite qui ne partagent rien de ses convictions, et dont certains sont des nostalgiques de l’Algérie française.

Avec toute la gauche, elle s’est d’abord faite la porte-voix des Palestiniens de Gaza qui se font massacrer par l’armée israélienne depuis début octobre dernier.

Sabrina Sebaihi, la fille d’immigrés algériens qui a écrit son propre récit

Ses actions pour cette cause sont guidées par « la justice et le droit international, tout simplement. La justice et l’humanité nous commandent de soutenir le peuple palestinien », soutient Sabrina Sebaihi qui dénonce les « drames indicibles » dont est victime le peuple palestinien depuis près de 80 ans, « la spoliation, les massacres, l’apartheid, les innombrables injustices du quotidien et l’humiliation, et maintenant le génocide… ».

« Que faites-vous pour mettre fin au génocide des Palestiniens ? », s’est écriée Sabrina Sebaihi en mars dernier à partir de la tribune de l’Assemblée nationale à l’adresse du gouvernement français. « Les droits humains n’ont ni religion, ni couleur de peau et, si nous n’agissons pas, la France aussi aura le sang des Palestiniens sur les mains », a-t-elle mis en garde.

Ce genre de sentence dont elle a le secret, elle le multiplie à chaque fois que l’une des questions qui lui tiennent à cœur est soumise à débat.

Le 28 mars, elle a eu l’occasion d’étaler de nouveau tout son talent et sa force de conviction face aux nostalgiques de l’Algérie française qui, à travers les députés du Rassemblement national, ont tout fait pour faire échouer un projet de résolution qu’elle a elle-même porté avec une députée de la majorité pour la condamnation du massacre d’Algériens par la police française le 17 octobre 1961 à Paris.

Sabrina Sebaihi : « Ce fut un parcours du combattant »

« Il ne faut rien céder à ceux qui veulent réécrire l’histoire pour se racheter une vertu sur le dos des morts », a-t-elle lâché alors qu’un élu du courant extrémiste qualifiait les massacres de « fake news ».

« Ce fut un parcours du combattant ! Plus d’un an de discussions entre acteurs associatifs, historiens, parlementaires et équipes de l’Élysée. Comme vous le savez, tout ce qui touche de près ou de loin à la guerre d’Algérie demeure sensible de part et d’autre de la méditerranée », révèle à TSA, Sabrina Sebaihi, à propos du processus qui a mené à l’adoption du texte.

« Le 17 octobre est longtemps resté dans l’oubli et on ne doit sa mémoire qu’au combat des survivants, d’historiens et de militants comme Jean-Luc Einaudi qui ont souhaité garder sa mémoire vivante. Il a donc fallu convaincre et démontrer que c’est l’un des plus grands massacres oubliés en France métropolitaine lors du 20ᵉ siècle, on parle même de la répression la plus féroce d’une manifestation pacifique depuis la Seconde Guerre mondiale », explique la députée d’origine algérienne.

Toutefois, cette résolution « n’est qu’une première étape », assure-t-elle, annonçant que la proposition de loi concernant la reconnaissance du crime d’État est « déjà en cours de dépôt à l’Assemblée nationale ».

Ce travail de mémoire, nécessaire au rapprochement entre les deux pays, la députée l’accomplit dans une conjoncture qui n’est pas toujours facile, car faite de stigmatisations, qui, ciblent en France, particulièrement l’Algérie et les Algériens. Mais Sabrina Sebaihi préfère positiver et trouver des motifs d’espérance, même si elle insinue qu’elle entrevoit un avenir encore plus difficile.

« Que des Français puissent voter pour une députée ayant des racines du côté des deux rives doit nous redonner foi et courage, les temps qui viennent en auront besoin », dit-elle.

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