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Zidane à la tête des Verts : un autre faux-fuyant de la Fédération algérienne

Ou Au moins, on aura essayé. En contactant Zinedine Zidane, la Fédération algérienne de football (FAF) a visé très haut pour remplacer Djamel Belmadi à la barre technique des Verts, éliminés pour la deuxième fois de suite dès le premier tour de la CAN 2023.

Était-il cependant raisonnable de songer un seul instant que le triple champion d’Europe avec le Real Madrid puisse accepter le challenge ?

Zidane est très attaché à ses origines algériennes, le banc de l’équipe de France est pris, alors pourquoi pas lui à la tête de l’équipe d’Algérie ? Sur la plateforme X, le journaliste franco-algérien Nabil Djellit a juste exprimé un avis. Mais il s’avère que la FAF a effectivement tenté d’engager Zinedine Zidane, sans succès.

Selon la presse française, notamment L’Équipe et RMC, Zidane a été contacté mais a poliment décliné la proposition algérienne.

Le journaliste algérien de BeIN Sports Hafid Derradji a confirmé. Selon Derradji, Zidane a signifié à ses interlocuteurs qu’il était prêt à aider la Fédération de son pays d’origine sous quelque forme que ce soit mais il ne peut pas prendre en main la sélection, expliquant qu’il est sur d’autres projets en ce moment.

Même s’il a été flatté par cet intérêt, le champion du monde français a décliné la proposition algérienne, « comme il a récemment refusé le Brésil ou les États-Unis », écrit de son côté L’Équipe, ajoutant qu’il n’a jamais caché que « sa priorité se porterait sur les Bleus ».

Néanmoins, il semble que la FAF ne désespère pas de le convaincre de prendre la place de Djamel Belmadi. Une réunion serait prévue ce week-end entre Walid Sadi, le président de la FAF, et l’agent de Zidane, selon RMC.

Selon le média français, la Fédération algérienne serait aidée par plusieurs sponsors et préparerait une offre financière importante pour convaincre Zidane. En outre, Zidane est encouragé par plusieurs de ses proches pour accepter le challenge.

Le chroniqueur de RMC Walid Acherchour est plus explicite. Il évoque sur X « une grosse pression affective du père et du frère pour qu’il accepte », mais le coach a « une préférence pour d’autres missions ».

Algérie : Zidane peut-il vraiment entraîner les Verts ?

Le troisième échec consécutif de la sélection algérienne et le départ -qui n’est toujours pas acté- de Djamel Belmadi ont constitué un choc pour le public algérien.

Il est à se demander si la FAF, en tentant l’impossible pari de faire venir Zidane, ne cherche pas seulement à calmer le mécontentement des supporters des Verts.

Certes, le président Walid Sadi n’est en poste que depuis quatre mois et ne peut être tenu pour responsable du déclin de l’équipe nationale. Mais la FAF en tant qu’institution assume les résultats catastrophiques, fruit de son instabilité et de sa gestion hasardeuse ces dernières années.

En cinq ans et demi, Belmadi aura travaillé avec quatre présidents. Tous ont certes mis tous les moyens matériels à la disposition de la sélection, mais sans plus.

Au lieu de voir ce qui n’a pas marché après chaque échec, on a préféré chercher des boucs émissaires. Les conditions météo et la pelouse du stade Japoma au Cameroun lors de la CAN 2021 où les Verts ont été éliminés au premier tour, puis l’arbitrage de Bakary Gassama quand l’Algérie a perdu sur le fil sa qualification au Mondial 2022 face aux Lions indomptables à Blida.

L’histoire Gassama a tenu en haleine pendant plusieurs mois le public algérien, faisant oublier les origines de la débâcle du football algérien.

Après l’élimination des Verts des qualifications en Coupe du monde, la FAF a doublé le salaire de Djamel Belmadi et lui a prorogé son contrat jusqu’en 2026, sans lui fixer d’objectifs.

La décision est incompréhensible et peut coûter cher à la trésorerie de la Fédération si Belmadi, qui réclame 7 millions d’euros, ne tempère pas ses ardeurs et décide d’aller jusqu’au bout.

La Fédération algérienne de football a surtout omis de lancer le chantier de réforme du football et du championnat local. À chaque échec de l’équipe nationale, on a eu recours aux faux-fuyants et aux justificatifs.

Après la perte du ticket pour la Coupe du monde en mars 2022, la colère populaire a été absorbée grâce à l’histoire du match à rejouer qui a bercé le public pendant de longs mois. Cette fois, il n’y a pas d’affaire Gassama bis. Les Verts ont perdu sur le terrain. Dans ce contexte, il se pourrait qu’on recherche le même objectif à travers les contacts annoncés avec Zinedine Zidane. Du populisme, sans plus.

Si, en revanche, Walid Sadi espère réellement engager l’ancien coach du Real Madrid, cela signifierait qu’il est en déphasage avec la réalité du football algérien qu’il dirige, et de celle du football mondial.

Zidane est un très grand nom du football mondial qu’on annonce tour à tour au Brésil, en équipe de France, au PSG ou de retour au Real. C’est bien plus qu’une question de sponsors, de famille ou d’origine.

Rien dans le football algérien, tel qu’il est géré aujourd’hui, n’est au niveau de Zinedine Zidane qui lui a besoin d’un environnement adéquat pour exercer son métier, ce qui est loin d’être le cas pour le football algérien.

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