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Zellige : le Maroc veut ouvrir les hostilités juridiques avec l’Algérie

Zellige : le Maroc veut ouvrir les hostilités juridiques avec l’Algérie

Le Maroc ne renonce pas à l’appropriation du zellige. Quelques jours après l’annonce par l’Algérie du dépôt d’un dossier pour inscrire ces motifs à l’Unesco comme faisant partie de son patrimoine immatériel, le Maroc tente d’utiliser la carte de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).

Jeudi 18 avril, la ministre algérienne de la Culture, Soraya Mouloudji, a révélé au cours d’une visite à Béjaïa que l’Algérie a déposé, en ce mois d’avril 2024, le dossier « art de l’ornementation architecturale en zellige : connaissances et compétences » auprès de l’UNESCO pour son inscription au nom de l’Algérie sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.

Ce pas de l’Algérie fait suite au tollé soulevé au Maroc en octobre 2022 par la confection d’un maillot de parade de l’équipe d’Algérie de football portant les motifs du zellige.

Bien que les motifs aient été inspirés du Palais d’El Mechouar à Tlemcen, le Maroc a crié au « vol » de « leur » patrimoine et s’est officiellement plaint auprès d’Adidas, l’équipementier de l’équipe d’Algérie de football.

Quelques jours après l’annonce de la ministre de la Culture algérienne, son homologue marocain, Mehdi Bensaid, est allé à Genève (Suisse) rencontrer le directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), le Singapourien Daren Tang.

Dans un compte-rendu mis en ligne sur sa page X, le journal marocain Le 360.ma rapporte que le ministre Bensaid a estimé au cours de cette rencontre que « l’OMPI constitue une opportunité pour le Maroc de protéger juridiquement les éléments de son patrimoine immatériel des attaques tant privées que celles provenant d’autres États ».

Zellige : le Maroc lance les hostilités à l’égard de l’Algérie

L’allusion à l’Algérie est claire. Depuis quelques années, le Maroc conteste à l’Algérie tout ce qui relève du patrimoine maghrébin commun, et même parfois des éléments de son patrimoine exclusif, comme la musique Raï ou les bijoux d’argent de Kabylie.

Le roi du Maroc, Mohammed VI, lui-même, avait ciblé l’Algérie en novembre 2022, immédiatement après l’éclatement de l’affaire du zellige, en appelant à « contrecarrer » ce qu’il a appelé les « tentatives de détournement et d’accaparement » du patrimoine marocain.

« La propriété intellectuelle soutiendra tous les aspects de la vie au Maroc, dont le Zellige », aurait déclaré le directeur général de l’OMPI au ministre marocain, toujours selon le même journal.

Le Maroc a contesté à l’Algérie plusieurs éléments de son patrimoine culturel sans toutefois enregistrer un seul succès au niveau des instances internationales.

Leur unique « réussite » est d’avoir provoqué en février dernier, par leurs protestations et menaces contre un plat culinaire algérien, la fermeture du « village oriental » ouvert au niveau des Galeries Lafayette à Paris par la cheffe algérien Sherazade pour promouvoir les produits maghrébins.

Après avoir échoué plus d’une fois à forcer la main à l’UNESCO, pourtant dirigée par Audrey Azoulay, fille du conseiller de Mohammed VI, André Azoulay, les Marocains veulent visiblement porter la bataille du patrimoine sur le terrain juridique en recourant aux brevets de la propriété intellectuelle.

Toutefois, là aussi, le succès n’est pas garanti tant leur démarche est discréditée par leur manie à vouloir tout contester à leur voisin, et l’Algérie ne restera pas les bras croisés.

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