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« Rester ou rentrer » : le déchirement des Algériens de France raconté dans un film

« Rester ou rentrer » : le déchirement des Algériens de France raconté dans un film

« Rester ou partir ». Ce déchirement chanté dans les années 1970 par Slimane Azem, le poète algérien de l’exil, est toujours d’actualité pour les Algériens de France un demi-siècle après.

Il l’est d’autant plus que les raisons de s’interroger sont aujourd’hui plus nombreuses, en tête desquelles les stigmatisations qui ciblent en France la communauté algérienne et plus généralement musulmane. Le cinéaste Nasser Bessalah a traduit cet état d’esprit à l’écran à travers un court-métrage au titre évocateur : « Rentrons ».

Nasser Bessalah est un jeune cinéaste franco-algérien qui fait ses débuts derrière la caméra. Et coup d’essai, coup de maître : son court-métrage est en compétition au festival de Clermont-Ferrand, le grand rendez-vous mondial de ce genre cinématographique, après avoir été projeté à Bejaïa, en Algérie, où il a été tourné. La critique est unanime à saluer un travail remarquable.

Le titre ne précise pas où rentrer, en France où en Algérie. La réponse est dans le scénario. Deux jeunes franco-algériens, Abdel et Nouria, ont fait des choix opposés. Le premier est parti chercher la quiétude sur la terre de ses ancêtres, en Algérie.

La seconde veut retourner en exil, en France, après une désillusion sur sa terre d’origine, toujours l’Algérie. Les deux personnages se sont croisés dans le même village de Béjaïa, qui est le patelin de leurs grands-parents.

« Rentrons », un court métrage qui raconte les paradoxes des Algériens de France

Dans un entretien à RFI publié dimanche 5 février, le cinéaste avoue que l’histoire est inspirée de l’actualité brûlante des Algériens de France. « La question se pose de plus en plus au vu de ce qui se passe aujourd’hui en France, vis-à-vis de certaines communautés, notamment celle qu’on va appeler la communauté musulmane », dit-il, tout en précisant qu’ « il n’y a pas forcément que l’islam qui rentre en jeu ».

L’assimilation ne fonctionnant toujours pas, Nasser Bessalah raconte qu’il entend souvent autour de lui des jeunes d’origine maghrébine ou ouest-africaine se poser la question de partir ou rester en France.

Le désir de fuir est là, à la recherche d’opportunités économiques ou d’un mode de vie plus adéquat. Quand ce n’est pas vers le pays d’origine, c’est pour des destinations nouvelles et lointaines, le Canada et les pays du Golfe qui accueillent de plus en plus de Français d’origine immigrée.

L’œuvre en elle-même a suscité des commentaires très favorables de la critique. Mais l’histoire racontée a soulevé de « l’incompréhension », notamment lors de sa projection en Algérie.

Il se trouve que beaucoup parmi ceux qui ont vu le court-métrage ont le projet, du moins le désir de « tenter leur chance en France ». Du coup, ils ont trouvé « un peu paradoxal de voir deux Français d’origine algérienne qui veulent aller vivre au bled », raconte le cinéaste.

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