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Rapprochement Maroc – Israël : l’Algérie « prend la menace au sérieux » (Ahmed Attaf)

Rapprochement Maroc – Israël : l’Algérie « prend la menace au sérieux » (Ahmed Attaf)

Le ministre algérien des Affaires étrangères a évoqué dans un entretien avec Al Jazeera, diffusé sur la plateforme Atheer, l’état des relations de l’Algérie avec certains pays voisins, dont la France, l’Espagne ainsi que sur le rapprochement militaire entre Israël et le Maroc.

La visite à Paris du président de la République Abdelmadjid Tebboune est toujours programmée et fait l’objet de préparatifs entre les deux parties, a assuré Ahmed Attaf. Elle a été reportée à plusieurs reprises parce que, « avec le partenaire français, nous ne sommes pas parvenus à une position qui permette que cette visite d’État se fasse dans des conditions exemplaires », a-t-il révélé.

Cinq dossiers sont posés entre les deux parties, la mémoire, les archives, les essais nucléaires, la mobilité et le partenariat économique. L’Algérie et la France ne sont pas parvenues à s’entendre sur plusieurs points. Attaf cite l’exemple du refus de la partie française d’accéder à la demande algérienne de restituer le burnous et l’épée de l’Émir Abdelkader.

Autre exemple, les deux pays ne sont pas parvenus à un accord sur les essais nucléaires français dans le Sahara algérien pour lesquels l’Algérie réclame une « reconnaissance » et des « indemnisations ».

Il y a encore « des dizaines de détails », a-t-il indiqué, révélant que la France ne s’est pas montrée intéressée par la proposition algérienne de créer un fonds d’investissement de 100 millions de dollars. Globalement, résume Ahmed Attaf, il y a « cinq grands et lourds dossiers » sur lesquels les deux parties poursuivent les efforts pour parvenir à des accords.

À propos de l’Espagne, le chef de la diplomatie algérienne a d’emblée refusé de la qualifier de « pays ennemi ». Tout ce qu’il y a, c’est une « tension » dans la relation bilatérale et le retrait par l’Algérie de son ambassadeur en mars 2022 suite à la décision de Madrid de soutenir les thèses marocaines sur le Sahara occidental. L’Algérie a ensuite désigné un nouvel ambassadeur en Espagne en novembre dernier.

« Le problème politique qui a mené à cette situation est très important pour nous. Il ne faut pas oublier que l’Espagne était la puissance occupante et a donc une responsabilité particulière vis-à-vis du Sahara occidental. C’est pour cela que nous n’avons pas accepté qu’elle apporte avec une telle facilité son appui au plan d’autonomie ».

Algérie – Maroc : Nasser Bourita a refusé de répondre au téléphone à Ahmed Attaf

L’Algérie a nommé en novembre dernier un ambassadeur à Madrid après que l’Espagne a changé sa position « à 180 degrés », assure le ministre. « Ce qui a constitué pour nous le feu vert pour réévaluer nos relations avec l’Espagne c’est le discours de Pedro Sanchez (président du gouvernement espagnol, ndlr) devant l’Assemblée générale de l’ONU », a indiqué Attaf, expliquant que l’Espagne est revenue à une position conforme à celle de l’Union européenne et c’est ce que l’Algérie demandait.

Interrogé sur la relation avec le Maroc, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé l’attitude du royaume lors du séisme de septembre dernier. L’Algérie a été l’un des premiers pays à proposer son aide au peuple marocain, mais les autorités marocaines ont décliné cette « main tendue ».

Ahmed Attaf assure même que son homologue marocain Nasser Bourita a refusé de lui répondre au téléphone. Cela signifie, dit-il, que « la bonne volonté politique était inexistante du côté des autorités marocaines qui n’étaient pas disposées à cela ».

Plus loin dans l’entretien, le ministre algérien est revenu sur la menace que constitue pour l’Algérie le rapprochement notamment militaire entre le Maroc et Israël. « Il y a danger, nous prenons la menace au sérieux », dit-il. Cela dit, il a démenti le montant de 23 milliards de dollars de budget de défense de l’Algérie.

Au sujet du Sahara occidental, Attaf a estimé que le plan d’autonomie marocain, présenté en 2007, n’avait pas pour objectif de régler la question sahraouie mais visait à enterrer l’idée d’un référendum et toute autre solution politique ainsi qu’à imposer le fait accompli à la communauté internationale.

Mais en 16 ans, a-t-il souligné, le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas consacré une seule minute pour étudier cette proposition marocaine. Tant que la Minurso existe et tant que le dossier demeure au niveau de la commission de décolonisation de l’ONU, cela signifie que la communauté internationale ne reconnaît pas « la marocanité » du Sahara occidental, résume-t-il.

Le chef de la diplomatie algérienne a aussi évoqué les efforts de l’Algérie pour se redéployer en Afrique. Là aussi, il a fait plusieurs révélations. Son recul s’explique par le fait que l’Algérie a été « sans président de la République pendant 15 ans », dit-il, en référence à la période de la maladie de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika.

Même lorsque l’Algérie a décidé d’effacer la dette de certains pays africains, la délégation algérienne a demandé aux pays concernés de ne pas médiatiser ce geste « par peur de la réaction des Algériens ». Si le Maroc n’avait pas réussi à réaliser ses objectifs pendant cette période, il ne le fera pas maintenant que l’Algérie revient en force, a assuré Ahmed Attaf.

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