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Rapprochement France-Algérie : tirs croisés contre Macron au Maroc

Rapprochement France-Algérie : tirs croisés contre Macron au Maroc

Le rapprochement entre l’Algérie et la France est vu d’un mauvais œil au Maroc, d’autant plus qu’il survient en plein froid entre Paris et Rabat.

Les attaques n’en finissent pas contre l’Algérie et le président français Emmanuel Macron, accusé, dans un raisonnement simpliste, d’avoir sacrifié les relations avec le Maroc pour avoir le gaz algérien.

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La visite annoncée pour mai prochain du président Abdelmadjid Tebboune en France, celle du chef d’état-major de l’ANP à Paris il y a quelques jours et surtout la résolution du Parlement européen qui condamne fermement le Maroc pour ses atteintes aux droits de l’Homme, sont autant d’éléments qui font sortir certaines voix marocaines de leurs gonds.

Abdelilah Benkirane, ancien Premier ministre et membre du parti islamiste PJD, a accusé directement la France d’être l’instigatrice de la résolution.

Pour lui, les dirigeants français actuels « ne comprennent rien », notant une « différence » avec l’ère du général De Gaulle et des autres présidents français.

La France « lorgne le gaz algérien » et « ne voit pas plus loin que le bout de son nez », estime-t-il. Benkirane a indiqué au cours d’une réunion de son parti que le rapprochement entre Alger et Paris ne doit pas se faire « au détriment du Maroc ».

Au Maroc, un « appel à la guerre » contre l’Algérie

Benkirane s’est distingué récemment par de graves propos à l’égard de l’Algérie contre laquelle il a notamment appelé le peuple marocain à la « mobilisation ».

Des propos que le diplomate et ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi qualifie de « particulièrement belliqueux » et d’ « appel à la guerre ».

« Il est difficile de croire que ces déclarations ne reflètent pas l’état d’esprit du Makhzen qui cultive vis-à-vis de l’Algérie la stratégie de la tension continue », estime le diplomate algérien dans une tribune publiée ce mardi 31 janvier sur TSA.

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Tahar Ben Jelloun s’est adonné de son côté à un exercice difficile pour l’écrivain de renom qu’il est : celui de défendre les autorités de son pays contre les accusations d’atteinte à la liberté de la presse au Maroc.

Même rhétorique et mêmes accusations contre Macron

Plusieurs journalistes croupissent dans les prisons marocaines et la résolution du Parlement européen a noté qu’ils sont poursuivis pour des accusations fallacieuses de crimes sexuels, un procédé auquel les autorités marocaines font recours abusivement pour faire taire les voix critiques.

C’est à peine si Ben Jelloun concède, dans une chronique publiée dans le 360.ma, qu’il y a eu « quelques manquements qu’on doit reconnaître et analyser calmement ».

Pour évacuer le malaise, il tape lui aussi sur l’Algérie et Emmanuel Macron. Il prétend d’abord qu’en matière d’atteintes aux droits de l’Homme, « le Maroc n’est pas la Libye, ni la Tunisie et, certes, encore moins l’Algérie ».

« Si le Maroc a reçu une claque avec le vote de l’UE, ce n’est pas un simple hasard », écrit-il, notant que l’Algérie « agit dans tous les domaines » et que sa diplomatie « bouge et cherche à marquer des points ».

Ben Jelloun reproche aussi aux Européens de ne chercher que « leurs intérêts », et dit qu’ils « sont prêts à toutes les concessions pour garantir à leurs peuples d’être chauffés l’hiver ». Ils « sacrifient leurs bonnes relations avec le Maroc », selon lui.

« Emmanuel Macron a la faiblesse de croire qu’il réussira là où ses prédécesseurs ont échoué : assainir les relations avec l’Algérie », écrit l’écrivain marocain qui reprend une rumeur selon laquelle le voyage de Macron au Maroc serait reporté.

Si Benkirane estime que les dirigeants français « ne comprennent rien », Ben Jelloun a récemment écrit dans Le Point qu’Emmanuel Macron « ne comprend pas le monde arabe ». La même rhétorique revient chez toutes les voix qui prennent la défense du Maroc. L’action concertée est difficilement récusable.

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