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Pour son avant-première en Algérie, le film « Larbi Ben M’Hidi » fait un triomphe

Pour son avant-première en Algérie, le film « Larbi Ben M’Hidi » fait un triomphe

Bachir Derrais peut savourer sa petite « revanche ». Son film « Larbi Ben M’hidi », bloqué depuis cinq longues années et qui a donné lieu à de nombreuses polémiques, a fini par être présenté lundi en soirée au public à l’Opéra d’Alger.

Conçue pour 1400 places, cette salle s’est révélée exiguë pour contenir le très nombreux public venu découvrir cet opus sur l’un des plus prestigieux héros de la révolution algérienne.

Déjà peu avant la projection, une effervescence particulière régnait autour de cet édifice où jeunes, vieux, femmes, étudiants, VIP, journalistes se pressaient pour obtenir une place.

Certains, par manque de pot, ont dû suivre le film debout faute de places. C’est dire toute l’attente et l’enthousiasme créés autour de ce film bien avant sa sortie.

Le mythe du personnage et les péripéties qu’a connues ce film avec une succession de polémiques sur fond de soupçons de censure, y sont probablement pour quelque chose dans cet engouement inédit du public.

Campé brillamment par Khaled Benaissa, fils du célèbre dramaturge, Slimane Benaissa, le film retrace le parcours de Mohamed Larbi Benmhidi depuis son village natal, en passant par Biskra où il fait ses études, son intégration à l’Organisation spéciale (OS), sa participation au congrès de la Soummam, son voyage au Caire pour y rencontrer les dirigeants de l’extérieur dont Ahmed Benbella jusqu’à la grève des huit jours et son assassinat par des soldats français aux ordres du général Paul Aussaresses.

Le film dépeint un homme à convictions, très tôt sensible à la misère de son peuple comme le montre une scène où il prend la parole, avec éloquence, à l’occasion des élections de l’Assemblée algérienne de 1948 pour battre en brèche les arguments du colonialisme et décréter, à la face des « assimilationnistes » que le salut des Algériens est dans l’indépendance du pays.

Qu’importe si certains trouveront que quelques facettes du long parcours de ce prestigieux dirigeant de la révolution algérienne -après tout le film ne peut pas tout raconter-  n’aient pas été reproduites, mais l’opus restitue à merveille le sens de l’engagement et d’organisation hors pair du héros, sa vision d’une Algérie unie dans sa diversité culturelle et son sens du compromis avec ses frères d’armes.

Ce n’est pas d’ailleurs sans raison que des applaudissements nourris et des salves de youyous ont retenti dans la salle en réaction à quelques scènes comme celle où il reprenait : « Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires » ou encore où il intimait l’ordre à son frère pour poursuivre ses études en perspective de la construction de l’Algérie indépendante.

Réaction similaire lorsque dans le film Abane Ramdane, un autre héros de la guerre de la libération nationale, parla de la primauté du politique sur le militaire.

Le film « Larbi Ben M’hidi » a exploré aussi ces moments de doute, de divergences et d’incertitudes qui ont gagné, dans des phases cruciales, les dirigeants de la révolution.

« Larbi Ben M’hidi » : un film qui raconte le parcours d’un héros de la révolution algérienne

Loin de déconstruire le mythe, le film « Larbi Ben M’hidi » restitue l’envergure d’un homme dont la jeunesse a été sacrifiée au service de l’idéal de liberté pour son peuple, que l’histoire officielle a peu ou prou enseigné.

Pour les plus jeunes, ils découvrent sans doute un homme d’exception qui a suscité l’admiration même de ses geôliers français. Et que dire de cette vague d’émotion qui a traversé par moments la salle de l’Opéra d’Alger au point d’arracher, dans la discrétion et l’obscurité de la salle, des larmes à certains, à chaque répartie de celui qui était très porté sur le théâtre.

On en sort, au terme de la projection de ce film où tous les ingrédients d’une réalisation réussie sont réunis, autant dans le scénario écrit par Mourad Bourboune que dans les décors, avec ce sentiment de fierté d’appartenir à la race des hommes dont le patriotisme confine à l’admiration.

Dans sa prise de parole à la fin de la projection, le réalisateur Bachir Derrais qui a eu droit à une longue ovation, comme pour l’acteur principal, Khaled Benaissa, contenait difficilement sa joie.

Il n’a pas manqué d’ailleurs de remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce film dont les ministères des moudjahidines et de la culture, représentés pour l’occasion par les deux ministres respectifs, Laid Rebiga et Soraya Mouloudji.

Mais aussi les acteurs et de nombreux sponsors. Pari réussi pour Bachir Derrais qui grâce à ce film a réussi à réconcilier l’Algérie avec elle-même mais aussi avec ses enfants de diverses catégories comme en témoigne la présence de Salah Goudjil, ancien compagnon de Ben Boulaid, ou encore de la sœur à Ben M’hidi et de celle, plus discrète, du célèbre acteur Athmane Ariouat.

Dommage que certains, notamment ceux qui ont témoigné sur le parcours du héros, n’ont pas eu la chance d’assister vivants à la sortie de ce film qui, pour sa première, fait un triomphe. Une consécration qui lui ouvre le chemin de la gloire.

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