Économie

Pétrole : après la chute libre, les cours remontent

Après une chute libre inquiétante, les cours de pétrole se sont remis à remonter, prenant de court les prévisions. Les événements, qui portent vers le haut ou vers le bas les prix de l’or noir, sont imprévisibles. Ni la chute de la mi-mars ni la hausse en cours n’ont été prévues par les analystes.

Ce mercredi 29 mars, le baril de Brent de la mer du Nord, référence pour le Sahara blend algérien, a frôlé les 80 dollars, à 79,33 dollars, avant de chuter à 78,26 dollars en fin de journée.

Il y a moins de dix jours, le 20 mars, le Brent est descendu à 70 dollars le baril. Une chute libre entamée le 6 mars, date à laquelle les cours étaient à 86 dollars le baril. Le 15 mars, il était même passé brièvement sous 70 dollars le baril. Un niveau bas jamais atteint depuis 15 mois.

La hausse actuelle est expliquée par les analystes par la situation en Irak, l’un des principaux producteurs et exportateurs de pétrole. C’est un conflit entre l’Irak et la Turquie qui est à l’origine d’un dérèglement qui prive le marché mondial de 450.000 barils par jour.

Non contente d’un arbitrage international rendu en faveur de l’Irak quant à la gestion du pétrole de la région du Kurdistan irakien, la Turquie a cessé depuis samedi 25 mars ses importations par oléoduc à partir du port de Ceyhan du pétrole de la région autonome du nord de l’Irak.

Les inquiétudes sur les approvisionnements demeureront tant que le blocage persistera, estiment les analystes qui scrutent l’évolution de la situation.

Pour endiguer la flambée de l’or noir, les États-Unis sont intervenus auprès des deux pays afin de les amener à résoudre leur différend et permettre la reprise des livraisons.

Mais le pétrole irakien n’est pas l’unique facteur qui a permis l’embellie des prix. Il y a aussi le regain de confiance dans le secteur bancaire et l’apaisement des craintes après la crise de ces dernières semaines.

La volatilité des cours de pétrole déjoue les prévisions 

C’est cette crise imprévue qui avait tiré les cours vers le bas à partir du 6 mars. Alors que les prix tournaient autour de 86 dollars le baril à cette date, ils ont entamé une chute libre qui a failli les faire descendre sous la barre des 70 dollars, perdant plus de 15 dollars sur les cours du début de l’année et plus de 32 dollars par rapport au prix moyen de l’année 2022.

La baisse avait pris de court tous les cabinets spécialisés qui, à l’automne dernier, tablaient sur une moyenne de prix comprise entre 110 et 115 dollars en 2023.

La banque suisse UBS avait par exemple prévu que les prix atteignent 110 dollars le baril dès ce mois de mars. Les analystes lorgnaient sur les retombées de la guerre en Ukraine et les perspectives de croissance en Chine, mais personne n’a vu venir la crise qui a secoué le secteur bancaire aux États-Unis et en Europe.

De même que la perte subite de 450.000 barils de pétrole irakien n’a pas été prévue et la hausse des prix en cours qui en a découlé.

L’évolution des cours dans l’immédiat dépendra de l’issue du bras de fer entre l’Irak et la Turquie ainsi que de l’état des stocks américains, facteur d’habitude déterminant pour les fluctuations des cours du brut.

Les analystes sont dans l’attente de la publication de l’état hebdomadaire des stocks commerciaux des États-Unis par l’EIA, l’agence américaine de l’énergie.

Selon l’American Petroleum Institute, la fédération des professionnels du secteur du pétrole aux États-Unis, les stocks ont chuté la semaine dernière de 6,1 millions de barils de pétrole et de 5,9 millions de barils d’essence.

Pour la semaine en cours, les analystes s’attendent plutôt à une hausse de 1,75 million de barils de brut. La baisse se poursuivra toutefois pour l’essence, avec un recul attendu de 2,25 millions de barils.

Pour l’Algérie, qui tire l’essentiel de ses recettes d’exportation des hydrocarbures, la remontée des prix du pétrole en 2022 avait permis à Sonatrach de porter la valeur de ses exportations à 60 milliards de dollars, selon un bilan rendu public cette semaine par la compagnie pétrolière algérienne, contre 35,4 milliards de dollars en 2021 et 20,2 milliards en 2020.

La moyenne des cours de pétrole était de 102 dollars le baril en 2022. Les prix du gaz ont pour leur part plus que doublé entre septembre 2021 et septembre 2022, selon la dernière note de conjoncture de la Banque d’Algérie.

En 2022, l’Algérie a retrouvé le niveau d’exportation d’hydrocarbures qu’elle avait réalisé en 2014 (60 milliards de dollars), année durant laquelle les prix du pétrole avaient commencé à chuter.

Ses exportations en pétrole et gaz avaient chuté en 2015 à 34 milliards de dollars, puis à 30 milliards de dollars en 2016. En 2017, les exportations algériennes d’hydrocarbures sont remontées à 35 milliards de dollars, puis à 41 milliards en 2018, avant de chuter à 35 milliards en 2019, puis à seulement 23 milliards en 2020.

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