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Mondial 2022 : un test pour la normalisation avec Israël

Le Mondial qatari (20 novembre-18 décembre) est plus politique que tous les autres. Les questions des droits de l’Homme et des minorités, le climat ainsi que la cause palestinienne se retrouvent dans les tribunes, sur les plateaux télé et dans les alentours des stades.

Avant même son début, la Coupe du monde a donné lieu à de nombreuses polémiques. L’attribution en 2010 de l’organisation au petit émirat gazier du Golfe était déjà jugée inopportune et entachée d’accusations de corruption à l’égard des dirigeants de la FIFA de l’époque.

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Les critiques étaient au début circonscrites aux aspects techniques, comme la faible marge de développement du football à cause de la taille de la population du pays hôte ou encore les fortes températures dans la région en été qui ont contraint la FIFA à décaler le tournoi en automne.

L’idée de climatiser les stades a suscité un tollé dans un contexte mondial de fortes inquiétudes par rapport aux changements climatiques. Puis sont fustigées les règles édictées par l’État qatari sur la consommation d’alcool et l’exhibition des signes distinctifs des minorités sexuelles.

Le Qatar a tenu bon et fini par imposer le respect de ses spécificités culturelles et religieuses. La contestation des conditions des travailleurs étrangers qui ont construit les stades de la coupe du monde a encore fait plus de bruit. Selon le journal britannique The Guardian, il y aurait 6500 morts sur les chantiers des stades. Des chiffres que le Qatar a réfutés.

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C’est la première édition à se tenir dans un pays arabe et il était dans l’ordre des choses que la question palestinienne soit présente d’une manière ou d’une autre. De surcroît que le tournoi survient dans un contexte de clivage dans le monde arabe à propos de la normalisation avec Israël.

« Redescendre sur terre »

Le Qatar ne fait pas partie des pays qui ont procédé en 2020 à la normalisation de leurs relations avec Israël. Mais, exceptionnellement, des supporters israéliens ont été autorisés à se rendre dans l’émirat pour assister aux matchs de la Coupe du monde.

La demande d’Israël d’ouvrir un consulat temporaire à Doha, le temps de la Coupe du monde, n’a pas été acceptée, mais les ressortissants israéliens qui ont fait le déplacement bénéficient pour la première fois de services consulaires. Ils sont en effet nombreux à se trouver au Qatar.

Cette coupe du monde se présente en quelque sorte comme le premier vrai test pour la « popularité » des accords passés il y a deux ans par quatre pays arabes (Maroc, Bahreïn, Émirats et Soudan) avec Israël.

Sur place, et ce n’est pas une surprise, le drapeau palestinien est omniprésent parmi les supporters des équipes arabes qualifiées, le Maroc, la Tunisie, l’Arabie saoudite et le Qatar.

Les citoyens et journalistes israéliens, eux, se plaignent de « pressions ». Non pas qu’ils sont maltraités, mais dès qu’ils sont reconnus, on ne manque pas l’occasion de leur rappeler ce que leur gouvernement fait endurer aux Palestiniens.

Les images de cette nouvelle forme de contestation sont largement partagées sur les réseaux sociaux. Beaucoup y voient la preuve que la normalisation est loin d’être acceptée dans les sociétés arabes.

De nombreux israéliens et « quelques esprits naïfs » devraient redescendre sur terre, estime le journaliste français Georges Malbrunot. « Les accords d’Abraham ont été signés par des leaders arabes. Les peuples restent attachés à la cause palestinienne », déduit l’ancien otage de Daech en Irak.

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