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Idir promet des duos avec des chanteurs étrangers, défend Patrick Bruel

Idir promet des duos avec des chanteurs étrangers, défend Patrick Bruel

Idir sera sur scène, ce jeudi 4 janvier à partir de 19h, à la Coupole du complexe sportif Mohamed Boudiaf à Alger. Un concert-événement puisque le chanteur d’expression kabyle n’a pas chanté en Algérie depuis 39 ans.

L’événement est organisé par l’Office national des droits d’auteurs (Onda). « L’Onda est la maison de tous les artistes, de tous les auteurs et de tous les créateurs. Idir a insisté pour que son retour soit sous l’égide de l’Onda pour éviter toute autre interprétation », a déclaré Samy Bencheikh El Hocine, directeur général de l’Onda, lors d’une conférence de presse, mercredi après-midi, au centre de presse du stade du 5-Juillet à Alger.

Le concert est inscrit sous le signe des retrouvailles. « Il s’agit de retrouvailles professionnelles parce que je viens souvent en Algérie pour diverses raisons sauf professionnelles. C’est la première fois qu’un chanteur revienne après autant d’années pour essayer de retrouver le public algérien. Cela me tenait à cœur. Enfin, nous connaissons une période où les choses commencent à se décanter, où les gens commencent à se connaître et à se reconnaître. J’y voyais là l’ébauche d’un futur prometteur. Je ne voulais pas venir avant parce que j’étais victime d’une idéologie un peu stupide qui tendait à exclure tout ce qui ne ressemblait pas à ceux qui l’ont instaurée. Nous étions les dindons de la farce, nous étions un peu perdants. Je me suis toujours considéré comme un algérien à part entière. Mais on a voulu, par certains actes et orientations, faire de moi un Algérien entièrement à part. Nous étions spoliés dans notre identité. Ils ont nié mon identité et ma langue. C’est là où j’ai appris à connaître l’idéologie », a déclaré Idir, lors de la même conférence de presse.

Il a précisé qu’il a un passeport algérien et qu’il n’a pas une autre nationalité. « Sans tamazight, l’Algérie ne l’est pas. Et sans les autres langues, comme l’arabe, l’Algérie ne l’est pas aussi. Il faut comprendre cela. Je n’ai jamais fait de séparatisme ou fait dans le racisme. Je sais qu’il existe des problèmes et des partis pris, il faut essayer de les alléger et les transformer. Je ne veux pas faire de politique », a-t-il appuyé.

« Je ne ferme pas les portes »

Il a confié qu’il est difficile de se séparer de son pays. « Je venais parfois jouer un peu de musique dans mon village. C’est-à-dire que je ne ferme pas les portes. Mais, on me fermait la porte au nez. Depuis quelques années, on a commencé à instituer d’une manière viable la définition de cette culture qui est la mienne, qui est la nôtre. J’avais vu là la possibilité de construire quelque chose de solide. Depuis qu’ils ont officialisé entre guillemets la culture amazighe, je me suis dit que c’est peut-être là le moment de revenir », a expliqué l’interprète d’« A vava inova ».

Idir a regretté de ne pas trouver « la prise de conscience » dans la nouvelle chanson kabyle et « la méthodologie » pour pouvoir « avancer au niveau de l’art ». « Cela se voit que les gens se cherchent. Ils cherchent une voie. Aujourd’hui, les voies s’ouvrent techniquement. Il y a une grande amplitude vocale. Reste à trouver le talent, le savoir-faire », a-t-il souligné. Tanina Cheriet, fille d’Idir, participera au concert d’Alger. Selon lui, certains chanteurs français comme Louis Chedid, Gérard Le Normand et Maxime Le Forestier ont exprimé le vœu de venir assister au concert d’Alger sans que leur présence soit confirmée.

Patrick Bruel ne viendra pas à Alger

« Patrick Bruel aurait pu venir. Mais avec toutes les questions sur ses origines qui se posent, ça devenait problématique. Si ça ne tenait qu’à moi, je l’aurais ramené. Je suis un chanteur. Je véhicule l’émotion si je peux le faire. J’ai fait un duo avec lui parce qu’il est chanteur. Il aime Tlemcen, sa région natale. Sa grand-mère ne parlait ni arabe ni français, s’exprimait en tamazight. Il a été bercé dans cette ambiance. Comme il est juif, on dit des choses sur lui, comme quoi il financerait Tsahal (armée israélienne). Je crois que Tsahal se suffit à lui-même », a expliqué Idir.

Dans son dernier album, « Ici et ailleurs », Idir a interprété avec Patrick Bruel une chanson en duo à sonorités chaabies, « Les larmes de leurs pères », sur les changements politiques dans les pays arabes.

Idir a promis d’inviter des chanteurs étrangers pour des duos lors du concert de Tizi Ouzou.

Idir chantera-t-il un jour en arabe ? « Quand les gens se mettront à chanter en tamazight. Ce qui est valable pour l’un est valable pour l’autre. Moi, je ne dis jamais non. Tamazight est officielle ou elle ne l’est pas. Il y a encore des choses qui ne sont pas encore atteintes, mais ce n’est pas une raison de baisser les bras », a-t-il répondu à une question d’un journaliste. Un hommage sera rendu lors du concert de ce soir à Mouloud Mammeri et à Matoub Lounes.

Une chorale composée de jeunes filles de Beni Yeni, village d’Idir, interprétera trois chansons de l’artiste en ouverture du concert. Une trentaine de musiciens vont accompagner le chanteur et seront menés par le chef d’orchestre Mehdi Ziouche. Une vingtaine de chansons, parmi les classiques, vont être interprétées par Idir. Il a prévu, notamment, de reprendre des titres des albums « A vava inova » (1976) et « Les chasseurs de lumière » (1993). « Après, on verra en fonction de la musicalité. Il y a des violons, des cuivres, des rythmiques traditionnelles, un banjo, un mandole. Évidemment, les musiciens ne vont pas jouer ensemble à chaque morceau », a-t-il noté.

Probable duo avec Aït Menguellet

Idir n’a pas totalement écarté la possibilité d’un duo sur scène avec Lounis Aït Menguellet. « Nous sommes de vieux compagnons de route. Nous sommes de la même génération. Nous avons échangé beaucoup d’idées entre nous. C’était vraiment l’époque des artistes. S’il vient au concert, ça sera avec plaisir. Nous chercherons un titre à chanter », a promis Idir. « Nous avons voulu que deux icônes de la chanson kabyle rendent hommage à une autre icône comme Slimane Azem ou Cheikh Hasnaoui. Mais Lounis est un peu fatigué, touché par une grippe. Malgré cela, nous souhaitons qu’il soit avec nous », a précisé Samy Bencheikh El Hocine. Il a annoncé que tous les billets du concert ( à 2.000 et à 3.000 dinars) ont été vendus pour les deux concerts (jeudi et vendredi). « Nous avons vendu plus de 8.600 billets. Nous avons toujours une forte demande. Des familles entières veulent se déplacer au concert », a-t-il souligné.

Les organisateurs ont également prévu des invitations (plus de 1.000) qui ont été déjà distribuées. Après Alger, Idir ira ensuite durant la première moitié de cette année dans d’autres wilayas comme Tamanrasset, Oran, Constantine, Béjaia, Ghardaia, Tlemcen et Batna. Il terminera sa tournée à Tizi Ouzou, fin juillet 2018. Certains concerts se dérouleront en plein air.

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